Depuis sa création en 1873, l‘usine Solvay de Dombasle consomme, pour fabriquer le carbonate de sodium (la soude) , du sel et du calcaire .
Le sel a d’abord été extrait sur la côte de Flainval puis, à partir du début des années 1900, sur le plateau de Haraucourt, en lisière de la commune. Le calcaire, lui, était extrait à cette même époque de la carrière d’Aingeray dont les réserves de gisement s’épuisaient rapidement.
En 1914, Solvay acquiert un immense domaine de 400 ha situé pour l’essentiel sur le territoire de la commune de Maxéville et pour le reste sur celui de Nancy (au Haut du Lièvre) . La carrière de Maxéville est mise en service vers 1920.
Les deux carrières fonctionneront simultanément jusqu’en 1930 environ. L’extraction de la roche est jusqu’alors, entièrement manuelle (barre à mine, pelle, pioche) Le transport du calcaire s’effectue alors par péniches en empruntant le canal de la Marne au Rhin.
Pour répondre à l’augmentation de l’activité de l’usine la carrière de Maxéville installe en 1927 d’une part une installation mécanique de production du calcaire et d’autre part, un transporteur aérien qui relie la carrière à l’usine de Dombasle. La carrière d’Aingeray cesse alors son activité .
En même temps, Solvay construit pour son personnel 112 cités. La carrière de Maxéville est à cette époque parmi les plus importantes de Lorraine .
A l’origine l’effectif était de 550 personnes, en 1946 de 200 et à la fermeture de 130 personnes.C’est la zone Nord (par rapport à l’autoroute) à l’emplacement actuel du Zénith, qui fournit le calcaire jusqu’en 1950. Ensuite la carrière se déplace en Zone Sud sur le plateau du Haut du Lièvre vierge de toute occupation hormis les troupeaux de moutons.
La construction en 1956 des immeubles du Haut du Lièvre à côté de la carrière oblige celle-ci à édifier, en bordure de l’agglomération, un immense remblai de 10 à 15m de haut et de 500m de long qui porte le nom de merlon et dont le but est d’éviter les nuisances de l’exploitation.
La Carrière sud, derrière le Haut du Lièvre qui surplombe Nancy.
D’une façon générale les carrières ne diffèrent guère les unes des autres si ce n’est par leur capacité de production. Elles comportent toutes, un front de taille, des installations de concassage du calcaire et des stocks.
Ce qui différencie la carrière de Maxéville de toutes les autres c’est son Transporteur Aérien qui relie la carrière à l’usine de Dombasle et c’est cette installation unique que nous allons décrire dans ce document.
Ce qui différencie la carrière de Maxéville de toutes les autres c’est son Transporteur Aérien qui relie la carrière à l’usine de Dombasle et c’est cette installation unique que nous allons décrire dans ce document.
Le tracé du Transporteur aérien de Maxéville à Dombasle.
De type monocâble (à la fois porteur et tracteur) il est composé de trois sections c’est à dire de trois boucles de câble fermées, alignées les unes au bout des autres et de longueur respectives : 4 km de Maxéville à Dommartemont, 7,5 km de Dommartemont à Lenoncourt et 6,5 km de Lenoncourt à l’usine Solvay de Dombasle .
Son itinéraire contourne par l’Est, la ville de Nancy et le terrain d’aviation d’Essey. 200 pylônes, de 20m de hauteur, jalonnent son parcours en arc de cercle. il franchit de nombreuses voies de communication : 2 autoroutes (A31), la ligne SNCF, les RN 57 et 74 ,le canal, la Meurthe, 7 routes départementales, 31 routes et chemins communaux.
Toutes ces voies sont protégées par un pont métallique. Le câble de longueur totale de 36 km entraine 850 bennes de 900 kg de contenance de calcaire. Chaque pylône comporte 6 poulies sur lesquelles circule le câble, 4 du côté des bennes chargées et 2 du côté des vides. Toute cette masse en mouvement se déplace à la vitesse de 2.45 m/s soit environ 9km/h ce qui correspond à une capacité de transport de 180 t/h.
La traversée du val de Roanne (4 anciens chevalements de puits de saumure en rouge).
Trois moteurs électriques de 130 chevaux suffisent à entrainer l’installation (soit l’équivalent de la puissance d’un seul moteur de camion actuel) .
Le constructeur livre le câble d’un diamètre de 36 mm composé de 6 torons torsadés par tronçon de 4000 m . Les tronçons sont alors raccordés entre eux par des épissures. La réalisation d’une épissure est une opération difficile qui est exécutée par des spécialistes : les Épisseurs.
Selon une méthode très élaborée les torons des deux extrémités à raccorder sont imbriqués sur une longueur de 54m, sans pour autant augmenter significativement le diamètre du câble.
Les épissures sont des points faibles qu’il faut renouveler fréquemment. Il faut pour cela changer le câble en ligne par un autre dont les épissures auront été remplacées.
Chaque section dispose d’une installation de remplacement de câble comportant deux imposants tambours- treuils dont l’un est vide et destiné à recevoir le câble usagé et l’autre sur lequel est enroulé le câble neuf ou restauré .
Pour changer un câble il suffit d’enrouler le câble usagé sur le tambour vide et de dérouler simultanément le câble neuf. Avant de procéder au remplacement du câble, il faut vider la ligne c’est à dire rentrer les bennes et les stocker sur un garage situé à la station de Lenoncourt. L’opération se termine par l’épissure finale qui ferme la boucle du câble de la section concernée.
Station à double treuils tambours de Lenoncourt.
La station de Dommartemont assure la liaison entre la première section et la seconde, la station de Lenoncourt entre la seconde et la troisième. C’est dans la station d’extrémité de Dombasle, que les bennes sont vidées. Le caisson de chacune, monté sur pivot et contenant le calcaire, est basculé au- dessus d’une trémie.
La benne vide prend ensuite le chemin du retour. Très fiable et rentable le TP Max sera un succès, la conception initiale n'a d’ailleurs subi aucune modification majeure. Il ne connaîtra que deux ruptures de câbles en 1956 et 1983.
La rupture de la deuxième section Dommartemeont- Lenoncourt en novembre 1983 suite à un défaut métallurgique du câble va provoquer la chute au sol de 200 bennes vides occasionnant d’importants dégâts uniquement matériel.
Les épisseurs au travail une opération entièrement manuelle et qui demande une très grande maîtrise et technicité, la solidité et le diamètre initial du câble en dépend.
La photo est prise en 1983 sur la côte d’Essey-les-Nancy (vers la zone Porte Verte).
Ce long cordon ombilical entre Maxéville et Dombasle traversait plusieurs agglomérations (Maxéville, Malzéville, Dommartemont, Essey, Pulnoy,Varangéville) et fonctionnait de jour comme de nuit, émettant un bruit de roulement du câble sur les poulies en rotation qui ne nuisait guère à l'environnement car les riverains remarquaient plus le silence lors d'arrêt de l'installation, mais vers 1970, suite au rapprochement de constructions plus près des pylônes, de nombreuses plaintes furent émises. Prévu pour le transport du calcaire, le TPMax pendant ses 60 ans d'existence a transporté bien d'autres chargement de matériel, d'outillage et même de personnes, il servira aussi à un marché noir pendant la 2ème guerre, bien souvent les denrées alimentaires selon "la loi du plus débrouillard" n'arrivaient jamais à leur destinataire.
Après croisement d'une benne vide et chargée, vue sur la Basilique de St Nicolas.
La Carrière de Maxéville et le TP Max cesseront leurs activités en juin 1984, et c'est le rail qui prendra le relais pour assurer le transport du calcaire depuis la nouvelle carrière de St Germain-sur-Meuse distant de 60 km de Dombasle.
Quelques photos de la Carrière et le parcours du Transporteur vers 1980.
Photos M.SIMÉON