Salin-de-Giraud le plus grand Salin d'Europe se trouve au sud-est du delta de la Camargue, en rive droite du " Grand Rhône "
Village rattaché à la commune d'Arles située à 40 km , il comptait 2100 habitants en 2006 , son développement est dû à l'implantation de deux entreprises d'exploitation du sel : Péchiney et Solvay.
Depuis le XIIIéme siècle , on exploitait la soude végétale par incinération, afin de produire des cristaux de soude utilisés dans la savonnerie et la fabrication du verre .
L'industrie salinière à Salin de Giraud débute en 1855 , crée par Henri Merle futur fondateur de Péchiney et Cie, pour les besoins de l'industrie chimique de Salindres près d'Alès , qui produisait de la soude caustique.
Usine, Merle 1855/1856
Un décret du 15 octobre 1870 impose aux usines de soude de s’installer dans des zones isolées et peu peuplées.
Pour concurrencer le procédé Leblanc utilisé à Salindres, le Groupe Solvay s'installe en 1895 et va construire une soudière et un village exactement identique aux unités qu' il a déjà mises en place dans l' Est et le Nord de la France.
Attirés par les propositions faites par les deux Sociétés , de nombreux immigrés , Grecs, Arméniens, Italiens , ne tarderont pas à embaucher , puis des Espagnols et des Maghrébins suivront aprés la deuxième guerre mondiale , constituant une population cosmopolite travaillant sur le salin.
Usine Solvay, 1895/1896
Ce village à l'origine avait deux quartiers: le quartier Solvay, en arrivant d'Arles , unique dans le midi de la France avec ses bâtiments en briques , hôpital, coopérative, écoles ... constituant une cité ouvrière typique du Nord de la France .
Le quartier Péchiney composé de gardois , va suivre l’exemple Solvay, et construire lui aussi son village , qui sera moins structuré, et d’un style plus local .
Les maisons s’inspirent des fermes cévenoles, et la hiérarchie de l’usine ne transparaît qu’au travers de la dimension des habitations .
Séparés par la ligne de chemin de fer construite en 1892 qui servait de frontière avec la gare , aujourd'hui disparue , les deux quartiers témoignent encore aujourd'hui de la vie des Sauniers jusqu’aux années 1950 où la population comptera jusqu'à 4000 habitants.
Quartier Solvay côté Rhône , quartier Salins côté Méditerranée.
C’est en 1971 que la Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est devient propriétaire du grand salin de Giraud qui lui est cédé par la Salicam, Société Salinière de Camargue, filiale de Péchiney.
Les développements de la chimie et du déneigement en 1970 , entraîneront une croissance de production de l’exploitation , de 30 000 tonnes à l'origine, à une capacité moyenne annuelle de 800 000 tonnes , récoltée sur une étendue de 11 000 hectares.
Une performance obtenue grâce à une forte mécanisation , une gestion informatisée des mouvements d'eaux , l'automatisation des stations de pompage et le nivellement au laser des tables salantes , mais la modernisation entraînera une diminuation des emplois.
Aprés la perte de son principal client chimiquier en 2005 pour un marché de 350 000 t la Compagnie a recentré sa production sur le déneigement par l'intermédiaire de sa filiale Rock .
La récolte sur contre sel laisse une belle part de gâteau.
Un nouveau marais-salant redessiné sur l'ancien en 2007 avec production sur " contre sel " , consistant à ne récolter que le tiers supérieur de la couche de sel , évite ainsi les travaux de remise en état des tables salantes , il produit 340 000 tonnes de sel en employant une cinquantaine de salariés.
Le temps est donc fini où l'or blanc servait de facteur de développement , c'est aujourd'hui de l'autre côté du Rhône , dans la zone industrielle de Fos que les familles de Saliniers doivent chercher leurs emplois.
Avec la grande plage de Piémanson, et le golfe de Beauduc, Salin-de-Giraud est une façade maritime fort prisée en saison estivale avec plus de 15000 vacanciers et des milliers de caravanes , faisant penser que le tourisme sera peut-être le futur moteur du développement.
Collection : Le Salinier