Du sel aux poissons il n'y a qu'un pas
En 1969 outre le désir de remettre en valeur les petits marais salants fermés , la Compagnie des Salins du Midi veut se diversifier , en s'orientant vers l'aquaculture ( élevage des animaux marins ) , jusque là une exclusivité japonaise.
Après 3 ans de recherches Ph.SERENE , biologiste membre de la C.N.E.X.O va constituer autour de lui une équipe d'une vingtaine de personnes et les services de 25 pêcheurs professionnels à temps partiel sous l'appellation de "Service des Pêches" En 1972 l'aventure commence , du stade de recherches on passe à l'application.
Trois familles de poissons marins vont être élevés en bassins :
L'anguille , le loup et la daurade
Service des Pêches en 1971
L'anguille parfaitement acclimatée dans les étangs est trés recherchée sur les marchés européens , une production facile à commercialiser.
On trouve les civelles à pêcher en quantité illimitée dans l'estuaire , engraissées à base de farine de poissons pendant un an et demi , elle deviennent anguilles d'environ 200 g prêtes à être fumées.
Les premières productions sont de l'ordre de 1000 tonnes.
Les civelles désignent les alevins d'anguilles.
L'élevage du loup ou bar est sans doute celui qui est le plus maîtrisé , les femelles, qui ont une meilleure croissance que les mâles, atteignent leur maturité sexuelle à trois ans et peuvent pondre spontanément en captivité.
L'élevage de la daurade est plus complexe que celui du bar en raison de la petite taille des larves à l'éclosion , elle se nourrit particulièrement d'artémias.
De quelques tonnes récoltées en 1970, c'est désormais la première espèce marine produite en Méditerranée et sa production en élevage était de 1800 tonnes en 2006.
La Dorade : chrysophrys aurata appartient à la famille des sparidés
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Oubliée dans les années 1980 un nouveau regard est porté sur l'aquaculture en 1990.
En effet les garanties de rentabilité que semble offrir cette filière , ont décidé la Compagnie à participer au capital de la Société Aquacole du Ponant , qui a pour objectif de rentabiliser les productions de crevettes japonaises ( gambas ) , ainsi que l' élevage de palourdes et huîtres plates.
En mai 1990 , la Ferme aquacole du Grand Chaumont avec ses 28 hectares de bassins situés à proximité de l' étang du Ponnant va tester la rentabilité des nouvelles productions .
Un des bassins de la Ferme aquacole
Pour les crevettes , une écloserie va permettre l'évolution de 1 million de post-larves par an se nourrissant d'algues elles aussi produites sur place.
Bassins d'écloseries
Les larves produites puis ensemencées pendant 3 mois en bassins extérieurs seront récoltées et commercialisées.
D'un poids de 20 g , le rendement est d'environ 500 kg à l'hectare , c'est ainsi que pour l'année 1990 , 10 tonnes seront vendues.
Gambas : crustacé de la famille des Pénaéïdae
En ce qui concerne les palourdes , la méthode utilisée est l'affinage des coquillages .
Grâce à un taux de survie de 80% cette opération laisse entrevoir une bonne rentabilité.
Il deviendra un fort potentiel pour les piscines , la balnéothérapie et l'électrostérilisation.
En 1996 , une rencontre entre SALINS et la Société FRE.CA.MAR spécialisée dans la distribution des produits de la mer , entraine la Compagnie à créer sa filiale.
En 1997 , une demande croissante de l'aquariophilie pour des proies vivantes amène le service des pêches à créer un nouveau bâtiment permettant d'augmenter sa capacité d'artémias vivantes . Tous ces produits sont conditionnés et vendus par le Service des pêches :
en vivants ( sac plastique sous oxygène )
sous formes sèches ( oeufs d'artémia lyophilisés )
sous formes congelées ( artemias , copédodes ,vers de vase , daphnies )
L'artémia salina petit crustacé de 1 cm prisé par les poissons de mer ou d'eau douce.
En 2001 , naissance de l'huître de Camargue.
Le fruit de 4 ans de recherche avec l' IFREMER se concrétise , en complément du bassin de Thau , l'objectif est de commercialiser d'ici 3 ans de 1500 à 2000 tonnes d'huitres.
Les huîtres sont élevées et posées à même le sol , ce qui est unique en Méditerannée.
250 tonnes vont être récoltées pour la première année.
Avec son département " Patrimoine " qui depuis de nombreuses années développe son savoir-faire dans les ressources de la Mer , Salins , avec ses activités connexes de l'industrie salinière , assure une qualité et une sécurité parfaitement maitrisées.
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La telline un autre coquillage , cousin de la palourde , est récoltée de façon originale depuis les années 1960 le long des plages de Camargue.
Trés appréciée en Méditerannée , elle est moins connue dans le reste de la France
Sa pêche est réglementée , le pêcheur , immergé jusqu’à la taille tire en reculant d'un mouvement alternatif , le tellinier , son chalut-râteau fixé à la ceinture et moitié enfoui dans le sable .
Bien dessablées elles se dégustent cuites en persillade , à l'apéritif ou en entrée .
en 2010 , CSME s'est reconcentré sur son activité principale la saliculture , mais a décidé de formaliser la gestion du salin suivant " un plan de gestion environnementale du Salin d'Aigues-Mortes", document comparable à celui des Réserves Naturelles de France.
Il existe encore des activités aquacoles : quelques mareyeurs et pêcheurs professionnels du Grau du Roi exercent une activité de pêche (anguilles , loups) sur certains étangs et les Salins du Midi récoltent toujours des Artémias destinées à l'aquariophilie.
Les telliniers professionnels bénéficient d’un droit d’accès à la mer par le salin.
Une activité touristique , accueille le public sur le site par des visites en petit train pour découvrir les tables salantes et un éco-musée du sel permettant de présenter la saliculture.